J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques, nus,
qui tombèrent à genoux dans les cathédrales sans espoir en priant pour le salut les uns des autres
et se dressèrent réincarnés dans les vêtements fantômes du jazz à l’ombre des trompes d’or de l’orchestre
et jouèrent la souffrance de l’esprit nu de l’Amérique.

Texte emblématique de la beat generation, Howl est une protestation tintée d'angoisse, un cri tout autant de révolte que de désespoir que Ginsberg oppose aux carcans conformistes de son époque (qui n'est peut-être pas sans rappeler la nôtre..). Libéré de la versification classique, Ginsberg écrit sur le souffle, en un flot (flow) engageant le corps entier dans un effort d'expectoration, dans un geste à la fois physique, sonore, poétique et politique.

Ce travail est le fruit d'une rencontre avec Le MaT. Ensemble, nous avons travaillé à déployer un univers sonore qui vienne dialoguer avec la musicalité de la langue de GInsberg. Il était important pour nous que musique et théâtre fusionne, plutôt que l'une ne serve que de "décoration" à l'autre. Ainsi, nous avons cherché, autant dans la composition que dans la mise en scène, à mélanger les codes de la musique et du théâtre afin de proposer un dispositif sonore empirique qui mette à l'ouvrage le son des sens. En nous appuyant sur la pulse imposée par le texte, nous avons imaginé un univers mystique, sorte de rituel païen qui prend place dans la banalité réconfortante d'un décors quotidien pour questionner notre rapport à la norme, à ce qui s'en écarte, à ce(ux) qui s'y oppose, à la possibilité d'une autre transcendance.

Le spectacle a été créé en 2017 dans le cadre du festival Lausanne-Estivale, puis en tournée tout au long de 2018 à l'Espace Saint-Martin à Lausanne, à la Galicienne à Prilly, à la Tour Vagabonde à Fribourg, au Cinéma Bellevaux à Lausanne et à la Gravière à Genève. 

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